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Zoom Actu

19 novembre 2010

Samuel Laurent : Twitter, un site "pour les drogués de l'information"

 

 

Samuel Laurent, journaliste au service politique du monde.fr et ancien blogueur de "Suivez le geek" (http://blog.lefigaro.fr/hightech/) pour le Figaro, explique son utilisation de Twitter.

 

Pourquoi avez-vous décidé de rejoindre Twitter?

J'ai rejoint Twitter en Juin 2008 pour voir ce que c'était, à l'époque je travaillais au figaro sur l'hightech. Je suis attiré par les nouveaux médias, il fallait bien voir à quoi Twitter ressemblait. Mon utilisation est plutôt professionnelle, je n'ai qu'un seul compte.


Quels autres réseaux sociaux utilisez-vous?

J'étais sur Facebook comme tout le monde, j'ai créé un profil perso. Je me suis même inscrit sur Viadeo, j'ai du y aller une seule fois pour essayer et je n'y suis plus jamais retourné. Au départ Facebook c'était pour une utilisation personnelle et puis petit à petit des collègues m'ont ajouté, je ne pouvais plus vraiment poster ce que je voulais. De fait j'envisage de créer un nouveau compte uniquement professionnel.


Est-ce-que Twitter a changé votre façon de travailler?

Non, je n'irai pas jusque là, Twitter c'est un outil. Ça ne va pas jusqu'à changer ma façon de travailler. C’est utile pour différents aspects du métier. Les gens sont plus facilement accessibles. Pour la veille d'information, c'est très pratique. Il n'y a rien qui vous échappe. Je suis sur Tweetdeck pratiquement en continu, je regarde tous les tweets avec certains mots clés comme UMP... Je m'y rends 4 à 10 fois par jour pour voir des piges, trouver des idées de post. Ça peut aller de 5 à 50 entrées par jour. J’essaye de faire attention à ce que je mets sur mon compte et aux liens que je poste. Et puis il y aussi le compte du monde.fr ou j'officie au service politique.


Vous considérez-vous comme un accro de Twitter ?

Je suis moins accro que d'autres, je me connecte très peu les weekends et les soirées. Au réveil une des premières choses que je fais c'est de consulter mon compte. Twitter est bien plus impliquant que d'autres réseaux sociaux.


Quelles critiques feriez-vous de Twitter?

C'est un outil, on le prend avec ses règles et ses 140 caractères. Twitter est un leurre, il y a énormément de journalistes web. Il s'agit d'une bulle et il faut bien garder ça à l'esprit. C'est un site pour les drogués de l'information, qui agit comme un prisme déformant. Je fais actuellement une étude sur Twitter. Par exemple, il y a peu de gens qui soutiennent l'UMP sur le réseau. Lorsque l'on fait une recherche sur Twitter avec comme mot clé UMP on tombe sur 90% de réponses négatives alors que pourtant ce n'est pas le cas dans la réalité et il y a plusieurs raisons qui peuvent l'expliquer. Sur Twitter il faut se méfier, du rigolo au détriment du fond et de ce qui crée la polémique. Des polémiques qui peuvent devenir sur surdimensionnées. Twitter ne sera jamais très grand public, ce sont des gens de l'information qui sont dessus et qui l'utilisent de façon active. C'est une petite communauté avant tout.


Est ce que vous pensez que Twitter va perdurer?

Twitter va perdurer, mais ne sera jamais un mass média comme Facebook. Il y a peut être énormément de gens qui y vont pour le tester mais au final peu y restent et sont actifs dessus. Il s'agit d' une communauté artificielle, d'un miroir difformant permanent. On peut se rappeler cette histoire de personal branding, qui a été reprise par certains médias. Il s'agissait au final de trois jeunes journalistes parisiens, et il y a eu un effet de cascade montée par des journalistes. Pendant les régionales, les politiciens étaient tous sur le réseau, ils ne donnaient aucune information et leurs tweets étaient lu par 300 personnes, ça n'a rien donné. Il y a une grosse différence entre un lien posté sur Facebook et un sur Twitter, vous aurez beaucoup plus de réactions sur Facebook. Twitter est un média qui permet seulement de toucher une communauté ciblée.


Propos recueillis par Emmanuelle Pons

 

 

 

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19 novembre 2010

Guardian.co.uk : un parcours sans faute?

Depuis son lancement en 1999 les éloges pleuvent sur Guardian.co.uk, Il a été distingué à plusieurs reprises par les Webby Awards – les Césars d'Internet. Quelles sont les recettes d'un tel succès?

Guardian.co.uk est un poids lourd de l'information en ligne. Il allie une présentation  efficace à un contenu sérieux.  En janvier 2010 l'éditeur en chef du groupe Guardian News and Media (qui associe le Guardian, The Observer et le guardian.co.uk) Alan Rusbridger vantait sur la BBC le site  comme étant le journal de langue anglaise le plus consulté sur Internet après le New York Times. Son lectorat est estimé à plus de 36 millions de visiteurs par mois, quand le quotidien du même nom se vend, lui, à 288 000 copies. En 2009 le groupe GNM a accumulé un chiffre d'affaires de 251 millions d'Euros.

Depuis 2009, après une restructuration, les versions papiers et web ont été rassemblées sous une même ligne éditoriale. Tous les journalistes sont susceptibles d'écrire pour les deux médiums. Sur Internet on retrouve en quasi intégralité le contenu papier des deux journaux, ainsi que des articles rédigés uniquement pour le web. Le site essaye d'intégrer un maximum de connectivité entre son lui et son lectorat. En 2008 le site a lancé la partie «Comment Is Free» pour permettre une maximisation des débats entre les journalistes et  les lecteurs, plus de 410 commentateurs ont déjà participé à cette expérience.

Si le site attire tant de visiteurs c'est aussi parce qu'il est gratuit. Le financement du site passe donc principalement par la publicité. Sur le site web des bannières de publicité sont disséminées en haut de l'écran ainsi que de temps à autre sur le côté droit. Loin d'être agressive, la publicité reste ici discrète. En 2009, le Guardian a enregistré une baisse de ses apports publicitaires à cause de la récession qui a frappé le pays. Certains services sont cependant payants sur le site. Pour consulter la version digitale en pdf du journal imprimé du Guardian et de l'Observer il vous faudra débourser 12 Euros pour un abonnement d'un mois par exemple. L'application du Guardian sur l'Iphone, autre gros succès du groupe, lancée en décembre 2009 vous coûtera 2,7 €.

Mais le Guardian se veut avant tout un journal avec des valeurs et une éthique irréprochables. Il met en avant sur le site son engagement écologique avec le réseau de publicités vertes, et social avec le projet Katine. Un effort de transparence est aussi de rigueur. De nombreuses informations relatives au fonctionnement et au financement du journal sont ainsi mises à la disposition du public.

Dans le dernier rapport annuel du GNM  il est rapporté que des études ont été menées au cours de l'année passée pour pouvoir augmenter la rentabilité de guardian.co.uk. Les dirigeants du journal n'ont pas encore trouvé de solutions satisfaisantes et ont préféré laisser le contenu du site entièrement gratuit. Pour autant ils n'excluent pas totalement l' idée de rendre l'information payante sur le site dans un avenir proche. 

Emmanuelle Pons

 

19 novembre 2010

Jean-Bernard Cadier : "Il est difficile de faire du bon journalisme en négligeant les réseaux sociaux"

Jean–Bernard Cadier, journaliste, expert en politique étrangère ainsi que co-animateur de l’émission Technophile consacrée aux nouvelles technologies sur France 24, nous dévoile les causes de son intérêt pour Twitter - réseau social et microblog.   

Pourquoi avez-vous décidé de vous inscrire sur Twitter? 

Comme les autres réseaux sociaux ce n’en est qu’un de plus. Mais ce qui m’incite à utiliser Twitter c’est la possibilité de communiquer avec des personnes qui suivent mon point de vue, des infos brutes et factuelles qui me paraissent importantes. Et la différence entre Twitter et le reste des réseaux sociaux c’est le temps, la rapidité de transmission des informations. Si je vois une information qui me parait importante et que je veux la partager, j’aurais tendance à utiliser Twitter. Et ça de façon privilégiée par rapport aux autres réseaux sociaux. De même, je consulte régulièrement le site pour voir ce que les autres m’envoient, pour être au courant des toutes dernières infos. Twitter est un excellent moyen de rester en alerte.

Pourquoi est-ce qu’il y a si peu de tweets sur votre page Twitter ? 

J’utilise Twitter fréquemment, mais mes tweets sont peu fréquents pour le moment. Il m’a fallu un certain temps pour apprivoiser Facebook, actuellement je suis en train de me familiariser avec l'utilisation de Twitter. Je suis donc dans la phase de découverte, d’apprentissage. Pour le moment je m’intéresse surtout aux tweets des autres.

Comment choisissez vous l’information que vous souhaitez poster ?

J’aurais tendance, à ce stade, à privilégier les informations qui touchent à mon domaine, c’est à dire aux médias internationaux. J’aurais tendance à tweeter des choses qui me paraissent importantes sur le thème de l’évolution des médias. Il me semble, qu’il est important de se spécialiser et c’est pourquoi je ne voudrais pas être un twitter qui donne son avis sur le temps qui passe, sur le manifs, les dernières découvertes internet. Je  voudrais par contre me spécialiser d’une façon à ce que les gens qui me suivent se disent « lui je vais le suivre par ce qu’il est dans mon domaine ». Mais tout ça est évolutif, tout se développe sous nos yeux et peut – être que dans six mois, si vous me posez cette question, j’en aurai une utilisation tout à fait différente, ou peut être que j’aurai arrêté.

Twitter vous aide – t- il dans votre travail ? Est – ce que c’est un outil journalistique important ?

Oui, incontestablement. Twitter m’aide dans mon travail, parce que précisément - c’est une alerte. Quand j’ai commencé [à travailler] dans mon métier il y avait des téléscripteurs qui sonnaient quand il y avait des informations. Ces sonneries, ces téléscripteurs de mes débuts c’est maintenant Twitter. C’est là que je découvre les informations nouvelles qui apparaissent souvent en premier, avant les sites internet et les dépêches d’agences. C’est un outil important.

Donc selon vous Twitter est un outil incontestable dans le monde de l’information?

Non, on en est pas encore là. Je pense que l’on peut faire de l’excellent journalisme sans utiliser du tout Twitter. Mais encore une fois je ne suis pas sûr de pouvoir le dire dans un an. On n’en est qu’aux débuts. Par contre il me semble qu’il est de plus en plus difficile de faire du bon journalisme en négligeant les réseaux sociaux. En d’autres terme les réseaux sociaux oui, mais peut – être pas Twitter.

Jean-Bernard Cadier sur Twitter: http://twitter.com/#!/jbcadier

Alexandra Kuderski

19 novembre 2010

Julie Saulnier : “Twitter est devenu un reflexe”

 

 

“Twitter” est devenu pour beaucoup synonyme de respirer. Les hommes politiques utilisent Twitter comme outil de communication, les hommes d’affaires comme outil marketing, les jeunes s’en servent pour communiquer ou organiser des rassemblements. Mais les journalistes, que pensent-ils de cette nouvelle source d’enthousiasme général ? Nous avons posé la question à Julie Saulnier, journaliste société à lexpress.fr. 

Depuis quand utilisez-vous Twitter et pourquoi l’avez-vous intégré dans votre travail ? Est-ce qu’il s’agit d’une contrainte professionnelle, une curiosité, une volonté propre ?

Je pense que ça fait maintenant deux ans que j’utilise Twitter, depuis que je travaille à Lexpress.fr. Je ne dirais pas qu’il s’agisse d’une contrainte, mais c’est vrai que dans la rédaction de l’Express.fr tout le monde a un compte Twitter… et de toute façon, j’ai vite compris l’intérêt.

Quelles sont vos principales utilisations de ce site Internet ?

Je l’utilise notamment pour repérer des informations, par exemple dans la presse étrangère, pour avoir des tuyaux, ou bien pour me faire des contacts. Parfois, pour une utilisation personnelle aussi.

Est-ce que vous l’utilisez pour discuter avec vos lecteurs ?

Non, ça ne m’est jamais arrivé. Mais je peux recevoir des retours de la part de mes collègues : “j’ai bien aimé tel ou tel article”, ou “là, ça va pas”.

Est-ce que votre travail a été influencé par Twitter ?

Oui, on peut dire ça. Pour moi, Twitter est devenu un reflexe. Le matin, quand j’arrive au bureau, je me connecte pour voir qui dit quoi. Et ça m’est déjà arrivé, d’écrire des articles à partir de Twitter, ou de creuser un peu plus une information obtenue sur Twitter.

Est-ce que vous avez des frustrations par rapport à Twitter ?

Oui, j’en ai : le fait qu’on ne puisse pas effacer les messages que quelqu’un nous envoie directement dans notre fil. On reçoit des messages… parfois on n’a pas envie que ce soit à la vue de tout le monde. Et je regrette aussi le fait que Twitter ressemble un peu à une sorte de microcosme : il y a très peu de gens sur Twitter qui ne soient pas liés à ce site par leur travail. Je regrette ce coté un peu élitiste… mais c’est vrai aussi que la plupart de mes abonnements sont des journalistes.

Pensez-vous que Twitter est devenu indispensable aux journalistes ? Que diriez-vous à un confrère réfractaire à ce genre d’outil ?

Je pense qu’il n’y en a pas beaucoup qui n’utilisent pas Twitter. Et oui, je pense que c’est un outil indispensable. Tout d’abord parce que c’est une source d’information, parfois plus rapide même que l’AFP. Sans Twitter, on peut parfois passer complètement à côté d’une blague ou d’une information, en conférence de rédaction par exemple.

Quelles sont vos stratégies pour bien exploiter le réseau Twitter ?

La plupart des gens que je suis sont des journalistes- que je connais déjà, et auxquels je fais confiance. Je ne pense pas qu’un journaliste de Libération, par exemple, ait intérêt de raconter des mensonges. Mais il est important aussi de vérifier toute information.

Est-ce qu’on peut faire du bon journalisme sur Twitter ?

Je pense que ça dépend du type de sujet, il y en a qui s’y prêtent très bien. Pour couvrir un procès, par exemple, Twitter est un très bon outil. On peut envoyer des informations depuis la salle du procès, c’est instantané. Mais je pense qu’il ne faut pas pousser l’utilisation de Twitter à son extrême, il s’agit en fin de compte de messages très courts.

Propos recueillis par Roxana Traista

 

19 novembre 2010

L’Express.fr se réinvente

La crise de la presse en 2007 a eu d’importants effets sur l’organisation du modèle économique du site internet Lexpress.fr qui cherche à présent des nouveaux moyens pour accroître ses revenus.

Le site internet Lexpress.fr, partie du groupe Express Roularta a été conçu comme extension gratuite et fréquemment mise à jour, de la version papier du magazine hebdomadaire L’Express. Comme la version kiosque, le site contient trois parties – les informations d’actualité, Lexpress Culture, Lexpress Style, qui regroupent en tout 15 journalistes. Un des buts de sa création était de fidéliser son public au contenu du magazine, en l’invitant à s’abonner aux versions sur papier (actuellement au prix d’1 euro par semaine). L’Étude de l’Audience de la Presse Magazine (AEPM), en raison d’un manque de données précises sur le lectorat du site en ligne indique que sur un essai de 2 139 personnes la majorité du lectorat du magazine est masculine (54.8%, contre 48.6% des femmes), 70.6% habite en Province, appartient au groupe d’âge 35 – 49 ans (29.4%) et gagne entre 18.000 et 36.000 euros par an.

Créée en 1996, la version numérique a mis du temps avant de devenir un réel « enjeu industriel, il y a seulement trois ou quatre ans (...) avant le début de la crise » comme l’a expliqué Éric Mettout, le rédacteur en chef du site depuis 2000, dans un entretien avec le site discordance.fr. La crise, survenue en 2007 et qui a touché le monde de la presse dans son ensemble, bien que la presse magazine soit relativement épargnée, a « clairement remis en cause [le modèle économique]» de Lexpress.fr, qui est à présent déficitaire. Selon Médiametrie le taux de fréquentation au mois de mars 2010 était de 3.7 milles personnes, contre les mois de septembre, octobre, novembre 2009 qui ont vu une fréquentation de plus de 4.1 milles personnes. Selon le classement OJD, le taux de fréquentation, le plus récent, qui remonte au mois d’août dernier est de 7 millions de visites (contre 71 millions de visites du site de Lequipe et LeMonde 39 millions), dont 5 millions en France, avec un nombre de pages vues s’élevant à 24 millions avec une moyenne de 3,49 pages vues par jour et par personne.   

Le contenu de Lexpress.fr est à présent entièrement gratuit, le site vivant de revenu que lui donnent recettes publicitaires et partenariats avec d’autres sites. Avec, dernièrement, l’abandon du lancement de la formule freemium qui mêlait abonnement payant et accès gratuit, modèle auquel ont recours de nombreux journaux et magazines, Mettout s’intéresse dorénavant à un nouveau modèle économique. Celui- ci pourra proposer une gamme de nouveaux services. Il s’agit ici d’opinion – editorial à la américaine ou encore des services annexes, comme des articles disponibles sur PDF. Le rédacteur en chef du site de Lexpress.fr avoue que «les internautes sont prêts à payer pour avoir quelque chose en plus, mais ça ne sera pas de l’information».

Alexandra Kuderski

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19 novembre 2010

NowPublic, un journal pas comme les autres

 

Le site internet canadien bouscule les habitudes dans la production et l’organisation de l’information, mais laisse sans réponse la question d’un modèle économique viable

 

Il n’a pas la visibilité des grands médias traditionnels, ni la notoriété de Twitter ou de YouTube. Sur sa page d’accueil, l’annonce d’une nouvelle vague de Wikileaks côtoie Terrell Owens et sa recherche de partenaire par une agence matrimoniale. On ne dirait pas, mais nowpublic.com est l’une des petites inventions remarquables de l’ère informatique. Site d’information basé intégralement sur la contribution de ses utilisateurs, il reflète le principe sacro-saint de l’internet participatif, mais aussi le dilemme d’une popularité financièrement stérile.

NowPublic a besoin de toi !

Fondé par Michael Tippett, Leonard Brody et Michael Meyers en 2005, la start-up canadienne a l’ambition de devenir la première agence de presse au monde. En attendant, NowPublic s’appuie sur une armée de journalistes- amateurs ou pas- qui couvrent pas moins de 6 000 villes dans 160 pays. Formant le plus grand réseau de ce genre dans le monde, les contributeurs NowPublic alimentent le site avec des articles, témoignages audio, photos et vidéos (YouTube et Flickr peuvent être utilisés sans même quitter le site). Généreusement garni d’outils sociaux, NowPublic se met entièrement (ou presque) à la disposition de ses utilisateurs : ceux-ci peuvent choisir l’histoire qui mérite la meilleure visibilité, améliorer un article, ou démarrer et arbitrer un débat. Les mini-manuels de journalisme fournis par le site sont si concis et facilement intégrables que même les moins doués seraient tentés de s’improviser reporters. Les écarts aux règles sont sanctionnés par la communauté plutôt que par des journalistes professionnels.

URL= Ubiquity now, Revenue Later  (L’omniprésence d’abord, les profits après)

L’inégalité qualitative qui peut résulter d’une telle liberté d’expression n’a jamais empêché NowPublic d’avoir du succès. Il se vante aujourd’hui d’environ cinq millions de visiteurs par mois. Ses prouesses technologiques lui ont valu une nomination aux Emmy Awards, alors que le journal britannique The Guardian l’a déclaré l’un des cinq sites les plus utiles sur internet. En 2007, deux ans à peine après sa création, NowPublic a suscité tant d’enthousiasme parmi les investisseurs qu’ils ont déboursé un peu plus de dix millions de dollars (environ sept millions d’euros) en financement privé. Mais l’omniprésence et la confiance des investisseurs dans le potentiel de NowPublic ne se sont jamais vraiment traduites en sources de profits propres, à part quelques contrats de publicité et un partenariat avec Associated Press.

Raison peut être pour laquelle NowPublic a été racheté en octobre 2009 par Clarity Digital Group, propriétaire d’Examiner.com (site d’information au niveau local aux Etats Unis). Ce rachat, qui a provoqué une réduction de postes parmi les membres permanents, ferait partie du désir d’adopter un nouveau modèle éditorial et économique. Grâce aux revenus obtenus d’une publicité mieux ciblée, les responsables du site espèrent pouvoir rémunérer pour la première fois certains de leurs journalistes citoyens, et réunir ainsi de meilleurs rédacteurs et photographes. Reste encore à prouver que la publicité soit la réponse aux affres de la presse sur l’internet.

Roxana Traista

19 novembre 2010

Damien Leloup : "Twitter est un excellent outil de veille, rapide et efficace"

Damien Leloup, journaliste spécialisé multimédia et nouvelles technologies depuis 4 ans au Monde.fr, revient sur la place de Twitter dans la pratique de son métier.

 

Depuis combien de temps utilisez-vous Twitter ?

J'avais créé un compte pour tester peu après le lancement, mais je l'avais abandonné très vite : je ne trouvais pas ça très intuitif, il y avait peu d'utilisateurs, et la limite des 140 caractères me semblait aberrante. Je m'y suis remis il y a environ un an sur les conseils de mes collègues.

 

Comment définiriez-vous votre usage de Twitter ? En d'autres termes, combien de fois par jour vous connectez-vous sur Twitter et quel(s) genre(s) de messages publiez-vous ?

J'utilise Twitter uniquement à des fins professionnelles ou presque. J'ai un deuxième compte que j'utilise de manière privée, mais sur lequel je ne publie jamais rien, je ne fais que suivre.

Je me connecte le matin lorsque je fais le tour de l'actualité pour me mettre à jour et voir quels sujets peuvent m'intéresser. Je garde un œil dessus tout au long de la journée pour voir s'il y a des "breaking news" ou d'autres choses intéressantes. Je poste en général un ou deux liens le matin, de temps en temps au cours de la journée aussi. Ces liens renvoient essentiellement à des articles intéressants dans mon domaine, mais que nous ne traiterons pas parce qu'ils sont trop pointus ou que nous n'avons pas encore eu le temps de faire. Plus ponctuellement, je poste des liens vers des articles maison, lorsque le sujet est vraiment important ou original. Et très prosaïquement, j'utilise tweetdeck, que je trouve très pratique pour garder une vue d'ensemble et ne pas laisser passer des informations importantes.

 

Lorsque vous publiez des messages sur Twitter, vous attendez-vous à recevoir des avis ?

Pas vraiment, je n'ai pas assez de «followers» pour cela.

 

Considérez-vous Twitter comme un outil journalistique essentiel de nos jours ? Si oui, pourquoi ?

Essentiel, non. Utile, oui, mais pas forcément pour tout le monde : dans mon domaine, c'est un excellent outil de veille, rapide et efficace ; c'est aussi vrai pour les journalistes politiques ou médias, par exemple. Par contre, je ne suis pas sûr que ça soit le meilleur outil pour un spécialiste de l'agriculture, ni même pour un journaliste local ou un grand reporter qui vont devoir couvrir une très grande variété de sujets.

Donc vous avez déjà écrit des articles à partir de tweets...

Oui, d'autant plus que pas mal d'entreprises ou d'organisations l'utilisent aussi pour donner des informations parfois plusieurs heures avant un communiqué : c'est le cas de Google, de WikiLeaks... Fondamentalement, il n'y a pas de différence entre citer le blog de Tristan Nitot et un Tweet du même Tristan Nitot.

 

N'avez-vous jamais cherché à confirmer la véracité de vos sources ?

La question s'est rarement posée. Dans la plupart des cas, il s'agissait de personnes ou d'entreprises clairement identifiées et dont je suivais les comptes depuis longtemps. Je n'avais donc pas de doute sur leur authenticité.

 

Est-ce que Twitter est un outil plutôt destiné aux jeunes journalistes de la presse en ligne ?

Je ne sais pas si l'outil leur est destiné, mais il est sûr que ce sont les plus « gros » utilisateurs. C'est aussi l'un des effets pervers de l'outil : il amplifie une sensation de « microcosme » où l'on parle beaucoup entre journalistes web, avec les risques que cela présente.

Twitter peut facilement donner une fausse sensation de prise directe avec l'ensemble de ses lecteurs, alors qu'en réalité il ne permet ce contact instantané qu'avec une infime partie d'entre eux : le risque principal est alors de commencer à mal juger l'importance ou l'intérêt d'un sujet à partir de son écho sur Twitter.

 

Selon vous, quels sont les dangers et les avantages de Twitter ?

En résumé, les avantages sont la rapidité, la souplesse d'utilisation qui en font un excellent outil de veille. Le principal défaut, c'est que l'outil peut créer une sorte d'illusion de contrôle, de connaissance, une « bulle ». Ce n'est pas parce que ma timeline s'enflamme pour l'info X que c'est le sujet qui intéressera le plus mes lecteurs. Les limitations techniques de l'outil sont également un gros souci. Devoir utiliser un raccourcisseur de liens, c'est pénible et potentiellement dangereux... Pouvoir insérer des liens directement sur les mots, comme tous les autres outils de publication le permettent, serait déjà un très grand progrès.

 

En quoi Twitter peut-il modifier l'architecture et le fonctionnement des médias dans les prochaines années ?

Vaste question ! Sur l'architecture, je ne sais pas. En termes d'organisation, cela a changé des choses : la plupart des rédactions ont compris qu'il fallait aussi intégrer Twitter dans leurs outils de veille. Plus généralement, l'outil a fait la démonstration qu'on ne peut pas uniquement suivre les fils d'agences, mais qu'il faut également chercher ailleurs sur le net. Sur Twitter, mais pas seulement.

 

Certains estiment que grâce à Twitter tout le monde devient un peu « journaliste ». Que pensez-vous de cela ?

J'en pense qu'il y avait exactement le même débat sur les blogs quand j'ai commencé à travailler. C'est un peu vrai et un peu faux. Tout le monde dispose aujourd'hui des outils pour faire du journalisme ; après, tout est une question de méthode, de vérification de l'information, d'éthique... Et de temps disponible.

Propos recueillis par Chisato Goya

19 novembre 2010

Newsweek.com se relance avec un nouveau modèle économique

Racheté par Sidney Harman le 3 août dernier pour un dollar symbolique, Newsweek, magazine généraliste américain fondé en 1933, mise sur son site internet newsweek.com, qui compte environ 42 salariés, pour remonter la pente.


Sans grande surprise, c'est la publicité qui constitue le mode de rémunération principal de newsweek.com : elle représente 42% de son chiffre d'affaires. L'effondrement du marché publicitaire ayant entrainé une perte de profits considérable – 192 millions d'euros de bénéfices en 2007 contre 120 millions d'euros en 2009 –, newsweek.com fait un pari osé en optant pour un modèle visant un public précis et plutôt aisé : Fed Ex, Farfield Inn & Suites, Philips, Toyota, et Basf – The Chemical Industry. C'est désormais la fidélité qui prime chez Newsweek. Les lecteurs ciblés resteront plus longtemps sur le site et n'hésiteront pas à débourser quelques billets verts pour y accéder s'il devient payant un jour. Christopher Ruddy, PDG de Newsmax, l'un des magazines les plus lus par les conservateurs américains, affirme que newsweek.com a le potentiel pour jouer dans la cour des grands s'il se met à proposer « des produits complémentaires tels que des newsletters exclusives », comme le fait déjà News Corp, le groupe de médias détenu par Murdoch.

 

Nouvelles options dans l'ère du temps

Hormis l'abonnement au magazine papier proposé à un prix avantageux – 0,47 euro le numéro si l'on choisit un engagement de deux ans, tandis que l'on doit payer 4,30 euros au kiosque –, newsweek.com met à profit les derniers gadgets technologiques pour se rentabiliser au maximum, alors que les abonnements représentent déjà 41% des revenus du groupe. « L'édition digitale » sur Ipad est à 2 euros et à 1,14 euro, le lecteur peut accéder au site à partir d'un smart phone (Iphone, Blackberry ou Android). Adieu à la pile d'anciens numéros de Newsweek qui s'entassent dans le salon : l'information est rapide, de bonne qualité et s'emporte partout. Par ailleurs, newsweek.com n'échappe pas aux phénomènes des réseaux sociaux et de microblogging incarnés par Facebook et Twitter. Le site prône l'interactivité en incitant les internautes à commenter et à contribuer au partage de l'information, le plus facilement et le plus rapidement possible. 

 

Partenariats avec des sites concurrents

Contre toute attente, newsweek.com fait de la publicité pour d'autres sites d'information concurrents tels que msnbc.com, Slate, TheStreet, The Washington Post, Aol News et Nouvelobs.com et en tire une part de bénéfices dont le pourcentage par rapport au revenu global reste confidentiel. Cette stratégie semble incompréhensible pour un site qui a vu son nombre de visiteurs par mois chuter de près de 3 millions entre juin 2009 (6,5 millions) et avril 2010 (3,8 millions). En faisant apparaître des liens renvoyant à des articles publiés sur d'autres magazines en ligne, newsweek.com se retrouve au cœur du flux de l'information.

La perte de profits annoncée pour cette année est d'environ 14 millions d'euros. Cette estimation concerne avant tout la version papier puisque la majeure partie du revenu global provient du magazine et non du site internet (aucun pourcentage n'a été donné par Newsweek). Reste à savoir si ce nouveau modèle économique permettra au groupe de rembourser ses dettes dont le montant s'élève à des dizaines de millions d'euros.

Chisato Goya

19 novembre 2010

LePoint.fr : le tout gratuit ne suffit pas

Le site d’information pourrait abandonner partiellement le rêve de la gratuité et réserver certains contenus aux abonnés d’ici 2012.

 

Allier information de qualité et accès au grand public, tout en maintenant la stabilité financière d’un site est un casse-tête. LePoint.fr a quintuplé sa fréquentation (entendre nombres de visites et de pages vues) en 18 mois. En octobre, il rattrape les sites des autres newsmagazines, Lexpress.fr et NouvelObs.com, avec plus de 10 millions de visites mensuelles (chiffres OJD). Mais le site reste un investissement pour le groupe Sebdo-LePoint. C’est pourquoi il envisage de passer à un modèle hybride, dit "freemium". Le site continuera à proposer une majorité de contenus gratuits (free) et réservera certains articles aux abonnés (accès "premium").

 

Le site n’est pas assez rentable.

Les principaux revenus proviennent de la monétisation de l’audience auprès d’annonceurs publicitaires (environ 1,8 million d’euros par an). Mais le site coûte 4 millions d’euros. Les coûts éditoriaux représentent 2/3 des investissements. Ils correspondent entre autres, aux salaires d’environ 25 journalistes, dont une dizaine du magazine LePoint, aux flux d’agence et aux photographies. Le dernier tiers finance les coûts techniques et le marketing. Le site parvient à produire 10% des recettes publicitaires du groupe Sebdo-Lepoint, mais ne représente que 2,3% de son chiffre d’affaires.

Il faut donc trouver d’autres moyens de financement. Les dirigeants misent sur le développement d’espaces publicitaires nouveaux. L’essor des smartphones a notamment permis de développer les espaces publicitaires sur les supports mobiles. La fréquentation de mobi.lepoint.fr est encore trop timide pour pouvoir recueillir un financement significatif. Mais l’audience devrait s’accroître avec le renforcement de l’offre mobile sur Blackberry et Androïd en 2011. L’application Iphone du Point.fr est gratuite.

 

Elargir l’audience avant tout. 

L’accès au contenu du site est entièrement gratuit pour le moment. LePoint.fr essaie d’augmenter son audience avant d’être contraint de la restreindre avec des contenus payants. C’est pour cela qu’il entend intensifier son espace communautaire à l’aide des réseaux sociaux (Facebook, Twitter).

L’utilisation de contenus provenant des internautes (User Generated Content) est souvent un moyen d’enrichir le site à moindre frais, tout en développant l’espace communautaire. Dans ce domaine, Le Point.fr est assez novateur. Il est doté d’un service de modération interne, qui est certes couteux, mais qui contribue au développement de la communauté. 2500 commentaires sont postés chaque jour. La modération met en ligne des synthèses de commentaires ("Vous l’avez dit") résumant les grandes lignes du discours des internautes sur les principaux sujets d’actualités. 

La direction du Point.fr parie sur une forte augmentation de la fréquentation et de l’audience en 2011. Elle devrait se traduire par une augmentation d’au moins 50% de ses revenus. Mais s’il veut continuer à fournir une information de qualité et des contenus à fortes valeur ajoutée (reportages, dossier, etc.), il ne pourra échapper à la monétarisation de ses contenus. Il pourra ainsi devenir plus qu’une simple zone d’influence du magasine Le Point.

Fanny Roux

19 novembre 2010

Pierre Haski : "Je commence ma journée par Twitter"

Pierre Haski, journaliste, a cofondé le site Rue89 après avoir travaillé plus de 25 ans pour Libération. Très actif sur Twitter, il nous donne son avis sur le site de micro-blogging.

 

index_haskiEst-ce devenu incontournable pour un journaliste d’avoir un compte Twitter? Pourquoi?

Oui, c'est indispensable, à la fois pour les infos qu'on y trouve que pour faire connaître son travail.

Personnellement, je commence ma journée par Twitter qui a remplacé ma lecture des flux RSS des sites et blogs qui m'intéressent. Je suis plus de mille personnes, et, sur les sujets qui m'intéressent, comme la Chine, la politique internationale, le journalisme, la technologie et les réseaux sociaux, j'ai l'impression d'avoir regroupé un nombre considérable de "sources" que j'organise en colonnes sur la plateforme Seesmic Desktop. Tout en sachant très bien que Twitter n'est pas une "source" en tant que tel, mais un "tuyau" sur lequel se trouvent des "sources", d'accès plus direct qu'à l'extérieur. Dans l'autre sens, Twitter me permet de faire connaître mes articles de manière virale, ainsi que ceux de mes collègues. Mais aussi de participer à des conversations qui me nourrissent.

 

Twitter c’est beaucoup de travail ? Combien de temps y passez-vous par jour ?

1h à 1h30 par jour, sans doute, même si c'est difficile à quantifier vu que ce sont de courtes sessions. Mais c'est en partie du temps pris sur autre chose et je n'utilise plus netvibes (un service qui permet à l'utilisateur d'assembler sur une seule page l'ensemble de ses sources et services Internet - ndlr), ou j'utilise des temps morts (transports, attente de rendez-vous) pour consulter Twitter sur mon iphone.

 

Que cherchez-vous sur Twitter ? Est-ce une source d’inspiration ?

Il m'arrive de faire du "crowd sourcing", c'est-à-dire de demander à mes followers de m'aider. Par exemple vendredi dernier j'ai twitté le sujet du débat auquel j'allais participer à France info, et ai reçu quelques réponses dont une au moins m'a aidé! Je cherche de l'alerte, des liens vers des lectures qui m'auraient échappé, et des réactions ou commentaires à l'actualité.

 

Twitter vous a-t-il permis de tisser de nouveaux réseaux ?

Peut-être pas de nouveaux réseaux, mais de compléter et surtout de formaliser mes réseaux, sur des thématiques qui m'intéressent. Ces réseaux bougent beaucoup et j'ajoute et enlève régulièrement des membres.

 

Vous postez beaucoup de liens vers des articles de rue89, Twitter est-ce principalement un outil de promotion?

Ce n'est pas "principalement" un outil de promo, mais c'en est aussi un. Il est capital, pour un site comme le nôtre, de s'inscrire dans le circuit de la "recommandation", c'est-à-dire ces millions de liens que s'envoient les internautes chaque jour et qui font la viralité qui est au cœur du web. Près de la moitié du trafic de Rue89 provient de la "recommandation", c'est à dire de liens pointant vers nos articles dans des mails, sur des blogs, des sites, ou par les réseaux sociaux comme Twitter et Facebook.

 

Est-ce un média personnalisé ?

Oui, c'est un des lieux privilégiés de ce qu'on appelle le "personal branding" des journalistes. Il y a de plus en plus le media et ses composants qui ont leur identité et leur réputation autonomes. Donc je suis sur Twitter en tant que Rue89 et en tant que Pierre Haski.

 

Pensez-vous qu’il soit dangereux de trop twitter? Est-ce que vous êtes "accro" à Twitter?

Oui je suis accro à Twitter. Le danger n'est pas tant de trop tweeter que de se tromper sur ce qu'on y lit. Comme dit plus haut, Twitter n'est pas une source. Ce qui génère des illusions comme les analyses qui ont été faites lors des élections iraniennes.

 

En quoi Twitter a-t-il changé votre travail de journaliste ?

Twitter a changé ma manière de m'informer et m'a rapproché de certaines sources. Je suis par exemple des dissidents chinois sur Twitter et j'ai donc très vite leur réaction au prix Nobel de la paix accordé à l'un d'entre eux. Mais il ne faut pas oublier que Twitter n'est qu'un formidable outil de plus à notre service, que le travail du journaliste reste entier et peut être plus nécessaire encore avec ce nouveau flux d'infos non filtrées.

 Guisane Humeau

Twitter Pierre Haski

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