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19 novembre 2010

Damien Leloup : "Twitter est un excellent outil de veille, rapide et efficace"

Damien Leloup, journaliste spécialisé multimédia et nouvelles technologies depuis 4 ans au Monde.fr, revient sur la place de Twitter dans la pratique de son métier.

 

Depuis combien de temps utilisez-vous Twitter ?

J'avais créé un compte pour tester peu après le lancement, mais je l'avais abandonné très vite : je ne trouvais pas ça très intuitif, il y avait peu d'utilisateurs, et la limite des 140 caractères me semblait aberrante. Je m'y suis remis il y a environ un an sur les conseils de mes collègues.

 

Comment définiriez-vous votre usage de Twitter ? En d'autres termes, combien de fois par jour vous connectez-vous sur Twitter et quel(s) genre(s) de messages publiez-vous ?

J'utilise Twitter uniquement à des fins professionnelles ou presque. J'ai un deuxième compte que j'utilise de manière privée, mais sur lequel je ne publie jamais rien, je ne fais que suivre.

Je me connecte le matin lorsque je fais le tour de l'actualité pour me mettre à jour et voir quels sujets peuvent m'intéresser. Je garde un œil dessus tout au long de la journée pour voir s'il y a des "breaking news" ou d'autres choses intéressantes. Je poste en général un ou deux liens le matin, de temps en temps au cours de la journée aussi. Ces liens renvoient essentiellement à des articles intéressants dans mon domaine, mais que nous ne traiterons pas parce qu'ils sont trop pointus ou que nous n'avons pas encore eu le temps de faire. Plus ponctuellement, je poste des liens vers des articles maison, lorsque le sujet est vraiment important ou original. Et très prosaïquement, j'utilise tweetdeck, que je trouve très pratique pour garder une vue d'ensemble et ne pas laisser passer des informations importantes.

 

Lorsque vous publiez des messages sur Twitter, vous attendez-vous à recevoir des avis ?

Pas vraiment, je n'ai pas assez de «followers» pour cela.

 

Considérez-vous Twitter comme un outil journalistique essentiel de nos jours ? Si oui, pourquoi ?

Essentiel, non. Utile, oui, mais pas forcément pour tout le monde : dans mon domaine, c'est un excellent outil de veille, rapide et efficace ; c'est aussi vrai pour les journalistes politiques ou médias, par exemple. Par contre, je ne suis pas sûr que ça soit le meilleur outil pour un spécialiste de l'agriculture, ni même pour un journaliste local ou un grand reporter qui vont devoir couvrir une très grande variété de sujets.

Donc vous avez déjà écrit des articles à partir de tweets...

Oui, d'autant plus que pas mal d'entreprises ou d'organisations l'utilisent aussi pour donner des informations parfois plusieurs heures avant un communiqué : c'est le cas de Google, de WikiLeaks... Fondamentalement, il n'y a pas de différence entre citer le blog de Tristan Nitot et un Tweet du même Tristan Nitot.

 

N'avez-vous jamais cherché à confirmer la véracité de vos sources ?

La question s'est rarement posée. Dans la plupart des cas, il s'agissait de personnes ou d'entreprises clairement identifiées et dont je suivais les comptes depuis longtemps. Je n'avais donc pas de doute sur leur authenticité.

 

Est-ce que Twitter est un outil plutôt destiné aux jeunes journalistes de la presse en ligne ?

Je ne sais pas si l'outil leur est destiné, mais il est sûr que ce sont les plus « gros » utilisateurs. C'est aussi l'un des effets pervers de l'outil : il amplifie une sensation de « microcosme » où l'on parle beaucoup entre journalistes web, avec les risques que cela présente.

Twitter peut facilement donner une fausse sensation de prise directe avec l'ensemble de ses lecteurs, alors qu'en réalité il ne permet ce contact instantané qu'avec une infime partie d'entre eux : le risque principal est alors de commencer à mal juger l'importance ou l'intérêt d'un sujet à partir de son écho sur Twitter.

 

Selon vous, quels sont les dangers et les avantages de Twitter ?

En résumé, les avantages sont la rapidité, la souplesse d'utilisation qui en font un excellent outil de veille. Le principal défaut, c'est que l'outil peut créer une sorte d'illusion de contrôle, de connaissance, une « bulle ». Ce n'est pas parce que ma timeline s'enflamme pour l'info X que c'est le sujet qui intéressera le plus mes lecteurs. Les limitations techniques de l'outil sont également un gros souci. Devoir utiliser un raccourcisseur de liens, c'est pénible et potentiellement dangereux... Pouvoir insérer des liens directement sur les mots, comme tous les autres outils de publication le permettent, serait déjà un très grand progrès.

 

En quoi Twitter peut-il modifier l'architecture et le fonctionnement des médias dans les prochaines années ?

Vaste question ! Sur l'architecture, je ne sais pas. En termes d'organisation, cela a changé des choses : la plupart des rédactions ont compris qu'il fallait aussi intégrer Twitter dans leurs outils de veille. Plus généralement, l'outil a fait la démonstration qu'on ne peut pas uniquement suivre les fils d'agences, mais qu'il faut également chercher ailleurs sur le net. Sur Twitter, mais pas seulement.

 

Certains estiment que grâce à Twitter tout le monde devient un peu « journaliste ». Que pensez-vous de cela ?

J'en pense qu'il y avait exactement le même débat sur les blogs quand j'ai commencé à travailler. C'est un peu vrai et un peu faux. Tout le monde dispose aujourd'hui des outils pour faire du journalisme ; après, tout est une question de méthode, de vérification de l'information, d'éthique... Et de temps disponible.

Propos recueillis par Chisato Goya

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